Bilan livres et bilan fourre tout 2023 !

 Le seul, l’unique, le bilan 2023 !

D'abord le bilan livres.

Bon il va être très simple puisque je n’ai lu que 18 livres cette année 2023.

On est loin de mes performances des autres années. Mais vous savez quoi ? On s’en fiche ! La lecture ce n’est pas une performance, je le disais déjà l’année dernière. J’ai eu un peu plus de mal à lire cette année, essentiellement je pense parce que mon rythme est assez intense et que je suis fatiguée. Quand on est fatigué, c’est plus simple de glander devant la télé. En plus, systématiquement quand j’ouvre un bouquin j’ai tendance à m’endormir dessus en deux secondes. Je m’endors aussi devant la télé rassurez-vous, mais ça me dérange moins. Ce qui fait que ma vie culturelle est bien mince et que je suis probablement devenue plus débile en 2023 qu’en 2022 (ahah). D’autant plus que je suis de moins en moins l’actualité tellement ça me donne envie de m’ouvrir les veines dès que je regarde ce qu’il se passe dans le monde.

L’année dernière j’avais lu 36 livres dont 21 bd. Non pas que la BD ne soit pas un livre (encore une fois) mais ça reste plus facile à lire qu’un roman de 500 pages.

Cette année j’ai lu 7 romans, 5 essais, 3 biographies et 3 BD.

Ce qui me chiffonne c’est que je n’ai pas lu de poésie. (En réalité ce n’est pas vrai, j’en ai commencé des recueils mais ils ne sont pas (encore) terminés.)

Il y a quelques livres que je commence et que je ne termine jamais. J’ai du mal à lâcher un livre une fois que je l’ai commencé, pourtant parfois je sais que ça va être très dur d’aller jusqu’au bout.

Sur les deux dernières années, j’ai commencé et jamais terminé « Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage » de Maya Angelou. Celui-là je suis très frustrée de ne pas avoir réussi à le terminer parce que cette autrice m’intéresse vraiment. C’est son autobiographie, elle raconte l’enfance d’une petite fille noire aux Etats Unis à une époque où clairement les noirs n’étaient pas vraiment acceptés et où les petites filles pas vraiment considérées. Sur le papier ça a tout pour me plaire mais je n’y arrive pas. J’en ai bien lu la moitié avant de le lâcher.

J’ai lu un livre de Carlos Ruiz Zafon. Alors ça c’est mon plus gros foirage je crois. J’en ai lu près de la moitié avant de me dire que vraiment je m’en foutais de lire la suite et la fin (de mémoire il y a 600 pages en tout dans le roman). Carlos Ruiz Zafon c’est un auteur espagnol connu entre autres pour sa trilogie du cimetière des livres oubliés. Il y a quelques années quand je me suis remise à la lecture, j’avais adoré un de ces livres (je ne sais plus lequel honnêtement). Je me suis dit que ça me ferait plaisir de me plonger à nouveau dans l’une de ses œuvres. Et bien ça n'a plus pris, comme quoi quelques années plus tard ça peut ne plus fonctioner avec un oeuvre et/ou un auteur. Très honnêtement, je ne sais même plus lequel j’ai lu tellement ça ne m’a pas marqué, mais je sais que j’y ai passé beaucoup beaucoup (trop) de temps.

M’attendent toujours « Les formidables aventures de Nellie Bly ». Lui c’est le comble parce qu’il doit me manquer les 50 dernières pages. Ça doit faire environ 4 ans que je dois le finir. C’est la « compilation » de tous ses récits d’aventures : un internement volontaire dans un asile de New York, une traversée du monde en 72 jours, journaliste sur le front de la première guerre mondiale, un voyage de six mois seule avec sa mère au Mexique. C’est ce dernier récit que je n’ai pas fini de lire et pour la simple et bonne raison que la fin ne m’intéresse pas du tout, elle parle de recettes mexicaines, de détails sur le Mexique qui ne m’intéressent pas vraiment.

Passage du Goix - Juillet 2023


Après cette parenthèse sur les livres que je ne finirais jamais (j’en avais déjà fait un post insta ici), revenons sur les livres finis. Faire un « classement » comme je fais chaque année, n’aurait sans doute pas beaucoup de sens. Par contre je peux évoquer les livres que je retiens.

J’ai beaucoup aimé lire Le Coût de la Virilité de Lucile Peytavin, j’ai aimé comprendre réellement ce que la masculinité toxique faisait et coûtait à la société, j’ai beaucoup aimé le développement très mathématique, ça m’a fortement surprise et impressionnée. J'y repense souvent. Notamment quand j'entends des histoires d'hommes violents.

Je n’oublie pas Le Jour d’avantde Sorj Chalandon qui m’a complètement ému sans que je m’y attende. J’adore Sorj Chalandon, il fait sans doute partie de mes auteurs préférés. J’ai donc ouvert ce livre en sachant qu’a priori ça me plairait, et c’est ce qu’il s’est passé, mais je ne pensais pas finir en pleurant. Les larmes ont coulé toutes seules à la fin du livre, sans que je comprenne pourquoi. C’est l’effet Sorj Chalandon.

Enfin je retiens Sortir auJour d’Amandine Dhée qui porte sur la mort, sujet ô combien compliqué et difficile. C’était hyper intéressant de s’y confronter. J’ai adoré les passages avec la thanatopractrice notamment et le début quand elle parle de la pression liée au fait de devoir rester en vie quand tu as des enfants.

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Le bilan perso.

Après le bilan livres, évoquons le bilan « perso » avec LE sujet numéro un de ma vie toute entière : la parentalité.

La dernière fois que j’ai écrit sur la parentalité par ici c’était dans cet article et l’enfant avait 9 mois. Depuis j’ai l’impression qu’il s’est passé 10 ans de vie et en même temps que c’est passé en un clignement de paupières.

L’hiver 2022-2023 a été rude, l’enfant a été beaucoup malade et nous aussi, (merci la crèche et la collectivité). Ça a été psychologiquement et physiquement dur et fatigant. La première année de sa vie, qui correspond donc à l’année 2022 a été une année de découvertes de manière globale, découverte des microbes donc mais aussi de l’ambivalence parentale et de l’amour inconditionnel. J’ai l’impression que c’est déjà flou et un peu loin.

Par contre ce que je sais c’est que l’année 2023, d’un point de vue parentalité, a été un gros kiff. Je n’ai pas d’autres mots. J’ai adoré le voir grandir, le voir devenir un petit garçon. Alors c’est encore un grand bébé à l’heure actuelle mais en un an, il a appris à marcher, à parler, il mange comme nous, il chante des chansons. Plus il grandit, plus tu peux avoir d’interactions avec lui et c’est vraiment chouette. Il comprend tellement de choses ! J’adore passer du temps avec lui. Je peux voir chaque microévolution au quotidien et ça c’est vraiment extraordinaire. Parfois on se moque des parents qui s’extasient du moindre truc que fait leur môme mais vous ne pouvez pas imaginer à quel point c’est fou de le voir faire un truc qu’il ne savait pas faire il y a encore deux jours avant. Pour la plupart des gens, quand ils voient l’enfant quelques minutes / heures de temps en temps, ça parait complètement banal ce qu’il fait, mais moi je sais qu’il y a encore quelques jours / semaines / mois il n’en était pas capable et je sais à quel point c’est un petit miracle.

Bref je suis la supportrice numéro un de mon enfant. Honnêtement au début quand je l’ai laissé à la crèche, c’était pas mal de soulagement. Maintenant j’ai un petit pincement au cœur parfois parce que j’adore trainer avec lui, il est drôle, curieux, intelligent, hardi. J’adore être sa mère et je suis tellement fière de l’être.

Ça m’emmerde un peu d’avoir ce discours là parce que j’ai l’impression que c’est très niais, mais je vous jure que c’est ce que je ressens. Je ne dis pas que tout est parfait, parfois je suis fatiguée, parfois j’ai pas envie, parfois j’ai hâte qu’il aille se coucher, parfois je voudrais plus de temps pour moi, c’est évident, mais globalement je suis plutôt très heureuse d’être sa mère. Je suis sûre que pour certaines personnes, je suis une mère possessive et anxieuse. Sans doute un petit peu, mais si je ne veux pas le lacher, ce n'est pas parce que je ne fais pas confiance aux autres (je le laisse à la crèche tous les jours rappelons-le) mais surtout parce que j'aime être avec lui et passer du temps avec lui.

Avoir un enfant, ça apporte beaucoup de joie dans la vie je trouve. Tu as un petit être pur, naïf et qui éclate de rire à la moindre chatouille, avec toi tous les jours. Depuis que nous avons plus d’interactions  il ne se passe pas un jour sans rire (bon sauf quand il a 39 de fièvre). C’est quand même incroyable. Tous les jours aussi j’ai des câlins. C’est un vrai shoot d’endorphine tous les jours. C'est un vrai remède à la morosité ambiante. Même quand tu as passé une mauvaise journée, même quand tu es toi même triste, même quand ça ne va pas, il est là, il rit et tout s'éclaire. Avoir un enfant ça te décentre complètement de toi et de tes problèmes d'adulte. Et je vais dire un truc sans doute pas très agréable, mais dans un monde où on est tous très nombreux à se regarder le nombril plus que de raison parfois, c'est pas plus mal. En tout cas pour moi ça me recentre sur des choses concrètes et sur autre chose que ma petite personne, je pense que ça me fait le plus grand bien. 

Juillet 2023


Je me suis par contre beaucoup posée des questions sur deux choses liées à la parentalité : le fossé qui se creuse entre les gens avec des enfants et les gens sans enfant, et comment être à la fois mère /avocate /compagne de /amie de /fille de / soeur de ... tout en ayant du temps pour moi (spoiler : c'est quasi mission impossible). 

Concernant le premier sujet et sur ce fossé qui se creuse indiscutablement, j'y ai longuement réfléchi et encore aujourd'hui je n'ai pas toutes les réponses. Petit disclaimer : je ne blame personne, j'ai été pendant longtemps de la team sans enfant aussi et ceci n'est en aucun cas un article pour régler des comptes.

Tu es moins là aux soirées, tu ne peux plus spontanément aller boire des coups ou sortir avec tes potes, tu dois voir avec le conjoint avant la moindre sortie... Même si tout le monde s'y attend et comprend, ça crée un petit fossé. Tout simplement parce que les vies de chacun ont changé. Ce n'est pas bien grave en soi mais ça peut être compliqué de maintenir un lien malgré tout.

Ensuite, je pense - et c'est tout à fait normal - que tant que tu n'a pas d'enfant, tu ne peux pas comprendre la mesure du bouleversement que c'est dans une vie. Je le sais puisque j'ai pas eu d'enfant pendant 33 ans et que depuis deux ans j'en ai un (coucou j'enfonce des portes ouvertes). Et ça, je trouve que ça crée forcément un décalage. En devenant mère j'ai à la fois pas du tout changé et à la fois énormément changé. J'ai l'impression que pour plein de gens - sans enfant - le nouvel enfant est juste une donnée à prendre en compte mais qu'au fond ça ne change pas grand chose. Ce qui est vrai, ça ne change pas grand chose pour eux. Mais même si moi en apparence je n'ai pas changé et suis toujours la même personne, ma vie entière a changé. Pas mal de gens autour de moi ne s'intéresse pas à la mère que je suis devenue, et d'un côté tant mieux parce que quand je vois mes potes, je n'ai aucune envie de passer mon temps à parler de mon fils et de mon rôle de maman, mais d'un autre côté ça a tellement bouleversé ma vie, et mon rôle de mère me prend tellement 90% de mon temps et de mon énergie, c'est devenu une part tellement importante de ma personnalité, que ça me parait dingue de ne pas en parler du tout. 

Quand certaines personnes me voient ou me demandent des nouvelles, ils ne me parlent jamais de mon fils ou de moi en tant que mère. Encore une fois, je ne blâme absolument personne, j'ai été cette meuf qui ne s'intéressait pas aux enfants des autres et qui ne posait pas plus de questions que ça, qui était saoulée par les questions de maternité, de parentalité etc. Et je ne posais pas de questions, parce que les détails de la vie de parents ne m'intéressaient pas, parce que j'estimais que je m'intéressais à d'autres pans de leur vie. Mais j'ai compris depuis que je suis devenue mère, que je ne pouvais pas en faire abstraction, que la parentalité prend tellement de place dans la vie des gens que c'est forcément important, c'est forcément une part très importante de leur personnalité. Quand les gens ont des enfants, s'intéresser à leur vie de parents, c'est s'intéresser à eux et prendre en compte une grosse partie de leur vie. On ne peut pas faire abstraction de la vie de parent. 

Je crois que ce qui crée le plus gros décalage finalement c'est ça. Parfois ça me fait mal au coeur mais j'avoue avoir retourné le truc dans tous les sens, je ne vois pas comment changer les choses. On ne prend la mesure du bouleversement de la vie de parent seulement quand on a ses propres enfants. 

La conséquence c'est que forcément je me sens plus proche de certaines personnes de mon entourage qui ont aussi des enfants. C'est plus pratique pour mille trucs. On se voit pour faire des gouters plutôt que faire la bamboche le soir par exemple. Ils connaissent les rythmes d'un bébé / jeune enfant sans que tu aies besoin de le dire. Sans forcément parler de ça tout le temps, ils savent ce que c'est d'avoir un bébé / enfant et ça c'est très agréable. 

Et le fossé se creuse encore avec ceux qui n'ont pas d'enfant.

Et en même temps c'est compliqué parce que tu n'as pas du tout envie d'être cette meuf reloue qui parle de son gosse tout le temps, mais en même temps il prend tellement de place dans ta vie que ça te parait pas normal de pas en parler. Si je n'en parlais pas du tout, j'aurais l'impression de me trahir et de ne pas être honnête avec moi-même et avec mon enfant. Et en même temps, je ne sais plus qui disait ça, mais est ce que ce n'est pas aussi un problème sociétal ? Je m'explique. 

On a tous le cliché en tête de la mère qui ne parle que de ses enfants et qui est reloue. Moi je ne voulais surtout pas être cette personne là. Et en même temps plus j'avance plus je me dis que bordel c'est TELLEMENT normal d'en parler tout le temps. C'est un tel bouleversement ! Surtout au début. Quand ils sont tout petits et te bouffent absolument tout ton temps et ton énergie. Puis après ils grandissent et viennent d'autres sujets et d'autres questions : les maladies, les dents, l'école, la propreté... etc. Ca te pose aussi d'autres questions, d'autres soucis. 

Et c'est absolument normal d'en parler souvent en fait. C'est l'être que tu aimes le plus au monde et en plus tu as la responsabilité qu'il devienne un adulte pas trop nul. En fait si on écoute la société, on devrait devenir mère et par la suite la fermer quand il s'agit d'en parler et juste (re)devenir des travailleuses à temps complet, des bonnes épouses qui font plaisir à leur mari et surtout que nos enfants ne prennent pas trop de place dans tout ça. MAIS LA BLAGUE. Sois mère mais pas trop s'il te plait. De toutes façons, les femmes sont en permanence soumises à des injonctions contradictoires, et c'est encore pire quand elles deviennent mères je pense.

Bref, on devrait normaliser le fait que les gens parlent de leurs enfants et on devrait tous s'éduquer au fait d'écouter les parents parler de leurs enfants. Ce qui peut être en apparence un petit souci peut être un gros problème dans la tête des enfants et/ou de leurs parents. Bref, écoutons les parents. Demandons leur comment ils vont dans leur rôle de parent et comment vont leurs enfants. Et quand il vous répond que ça va bof parce que le petit dernier a fait caca mou aujourd'hui, écoutez-le. Je sais ce n'est pas fun et ce sera sans doute oublié dans deux jours mais sur le moment, quand ton enfant a un problème, ça prend une place folle dans ta tête. 

Bref, je n'ai pas réglé ce problème mais je doute que ce soit possible. J'attends patiemment que les gens sans enfant se décident à retrouver le droit chemin et à en faire à leur tour (calmez-vous je plaisante) et je continue de tenter de maintenir le lien. 

Bretagne - Août 2023



L'autre sujet : comment faire pour tout concilier ? Rappel : j'ai 34 ans, j'ai un enfant, je suis avocate, j'ai un compagnon, j'ai une famille, j'ai des amis, ce qui me donne environ au moins cinq casquettes : mère, avocate, compagne, soeur/fille de, amie de. 

Clairement être mère est ce qui me prend le plus temps et d'énergie, et de loin. En deuxième lieu, je dirais que c'est mon travail d'avocate. Je reviendrai sur mon travail mais quand on est avocate à son compte, on est aussi cheffe d'entreprise, comptable, gestionnaire, directeur des ressources humaines, secrétaire, manageuse, assistante sociale, psy... Et moi je suis associée avec une autre avocate, donc j'ai encore une casquette de plus. 

Clairement, la grande majorité de mon temps je suis mère ou avocate. Ca laisse peu de places pour le reste. Le problème aussi est que j'ai aussi fortement besoin de moments seuls, moments que j'ai très peu. Mais du coup forcément quand le soir je préfère rester chez moi tranquillement plutôt que de sortir, ça laisse encore moins de place à l'amitié. Quant à la place du couple, c'est très compliqué de ne pas se perdre et se fondre complètement dans le rôle de parents. Il faut tenter d'avoir des moments à deux mais clairement ce n'est pas évident du tout. Ton mec n'est pas seulement ton mec, c'est un membre de ta famille, le père de ton enfant et c'est difficile de s'accorder du temps de qualité à deux. La plupart du temps une fois que l'enfant est au lit, tu t'affales avec une pizza devant la télé pour t'endormir à 22h. 

Bref, je pense que c'est tout bonnement impossible de tout concilier. C'est ce que la société nous vend - surtout aux femmes - depuis des années, le fait qu'il faille être présente sur tous les fronts et réussir dans tous les domaines. C'es faux, c'est impossible. Et encore moi je vis dans un monde où clairement mon compagnon s'occupe plus de la maison que moi et où on s'occupe à égalité de notre enfant. Pour la plupart des femmes, elles doivent en plus gérer tout ça solo, et j'imagine bien que dans ce cas-là elles n'ont quasi aucun temps pour elles, ce qui est très certainement la cause de dépression et autres prolèmes mentaux. 

Bref, comme d'habitude, je pense que le problème vient du travail. On passe quand même 5 jours par semaine 8h par jour (environ) avec des gens avec lesquels on n'a pas choisi d'être, loin de notre famille et de nos amis. C'est énorme ! Moi j'ai cette chance de travailler avec des gens que j'aime énormément, mais même comme ça je voudrais travailler moins si je pouvais. Dans mon monde idéal, je travaillerais deux à trois jours par semaine et le reste du temps serait consacré à des projets perso, à mon fils, à mes amis, à mes activités de loisirs. 

La vie serait clairement plus douce. 

Bretagne - Août 2023


Le travail, parlons-en vu qu'il occupe autant de temps dans nos vies. J'avais déjà écrit par ici pour dire qu'en gros j'en avais ras le cul et qu'un jour j'arrêterais. J'ai faillit arrêter pour de vrai plusieurs fois et puis un jour alors que j'étais au bout du rouleau et à deux doigts d'envoyer des CV, je me suis dit que je devais prendre une vraie décision et m'y tenir. Parce qu'en réalité ce qui me rendait malheureuse c'était la possibilité d'un ailleurs peut-être meilleur. J'ai pris en compte le pour et le contre. Ce qui a clairement joué dans la balance ? Mon associée et plus globalement mon environnement de travail. J'ai toujours dit que l'environnement de travail faisait 50% de ton travail. Ma théorie : ton travail peut être tout pété, mais si tu as des chouettes collègues, ça passe. A l'inverse, ton travail peut être formidable, si tu bosses avec des cons, ça sera toujours nul. Or, j'ai une chance inouïe de bosser avec des gens que j'aime beaucoup. Même si mon travail ne me plait pas beaucoup, en tout cas pas sur tous les points, je n'ai pas envie de prendre le risque de tout plaquer pour aller faire un travail que je ne suis même pas sûre d'aimer avec des gens que je n'aime pas. Ce n'est pas comme si j'avais un désir brûlant de faire tel ou tel travail, je n'ai pas de travail rêvé donc pourquoi aller tenter de faire autre chose en prenant le risque que ce soit pire ? 

J'ai compris que mon travail ne me plaisait pas à 100% mais qu'au final ce n'était pas bien grave parce qu'il me permet plusieurs choses importantes : 

- je gagne suffisamment ma vie pour avoir un train de vie agréable, 

- j'organise mon temps de travail comme je veux ou presque ; je suis la première à dire que cette liberté est toute relative - on est aussi très dépendant de nos clients et des audiences - et qu'elle a une contrepartie pour le moins désagréable qui est un très gros stress et une grosse responsabilité individuelle qui est inhérente à beaucoup (toutes ?) les professions libérales ; n'empêche que - hormis quand j'ai une audience - je commence mon boulot quand je veux et que j'aurais sans doute bien du mal à revenir à des horaires conventionnels, à devoir en référer à quelqu'un quand je veux faire du télétravail et de manière globale à avoir un patron ; 

- avoir un travail qui malgré tout a du sens ; je suis avocate en droit des étrangers, pas médecin, je ne sauve pas de vie mais parfois malgré tout, ce que je fais, permet à des gens de vivre mieux. Alors ce n'est pas moi toute seule, c'est le juge qui prend la décision, mais parfois oui j'ai l'impression d'être utile. Le droit des étrangers c'est ingrat, on se bat contre l'Etat et clairement l'Etat n'est pas bienveillant et n'est pas là pour accueillir dignement les étrangers. Je me vois comme un petit grain de sable dans la grande machine à broyer étatique, un petit grain de sable qui enraye parfois la machine. Bref, ce que je fais a du sens. Et j'ai vite tendance à l'oublier. Parfois ce sont les autres qui me le rappellent et ça fait comme une petite piqûre salutaire. Moi je suis vite blasée et j'ai vite tendance à avoir l'impression de ne servir à rien.

- je bosse avec des copines et ça c'est formidable ; qu'on ne se méprenne pas, jamais de la vie j'aurais bossé avec des gens qui sont mes copines de base, mais là ce sont mes collègues qui sont devenues des copines. Et c'est chouette. Je n'ai absolument jamais la boule au ventre de venir au boulot. Quand elles sont en vacances, je suis un peu plus morose. On s'entraide vraiment. Ce soutien - surtout dans cette profession de maboules (coucou les confrères) est très précieux. Et point non négligeable : on se marre bien. 

Alors je pourrais aussi vous faire la liste de ce qui ne me plait pas dans mon travail (en premier lieu et incontestablement : LES GENS ; avoir un métier où on est obligé d'être en contact avec les gens, quel enfer!) mais ça ne servirait pas à grand chose. Je suis la première à dire que ton travail ne détermine pas qui tu es et que c'est le capitalisme / le libéralisme qui nous a fait croire l'inverse. Je suis la première à dire qu'il fait absolument se libérer de tout ça et que c'est ok si ton travail n'est pas quelque chose que tu adores. Il est temps que je me l'applique à moi même et que je vois surtout les avantages de mon métier. 

[Pour compléter la réflexion là dessus, le problème c'est que le travail ça prend a minima 5 jours par semaine, plusieurs heures par jour donc je trouve que c'est très compliqué de faire quelque chose que tu n'aimes pas du tout. Mais si un jour les bullshit job n'existent plus (coucou les gens du marketing) et que chacun fait un métier pour le bien de la collectivité quelques heures / jours par semaine, ça sera sans doute plus simple de faire un truc que tu n'aimes pas. Je veux dire que c'est plus "facile" de faire un truc que tu estimes pourri sur deux jours si tu sais que derrière tu as du temps (et de l'argent) pour faire autre chose que tu aimes. Actuellement je comprends que les gens cherchent encore un métier qui a du sens puisqu'on y passe nos journées entières. (J'ai bien conscience que c'est une réflexion de bourgeoise. Quand tu bosses à l'usine, j'imagine que tu ne réfléchis pas trop à ce type de considération.)]

Si je dois terminer cet article sur l'année 2023, je dirais que globalement la vie ça va. Les journées sont trop courtes, j'ai toujours l'impression d'avoir le temps de ne rien faire, mais ça roule. Je me sens globalement heureuse. Je pense que j'ai beaucoup de chances d'être arrivé là où j'en suis et qu'il faut savourer tout ça.

A l'année prochaine !


Zoo de Lille - Juillet 2023


Commentaires

  1. Quel plaisir de découvrir un nouveau billet sur ton blog. J'aime toujours autant suivre tes tribulations en tant que (désormais maman) avocate ; même si en tant qu'aspirante avocate qui aime lire, ce billet me donne un peu d'inquiétude ! Je te souhaite plein de bonnes choses pour 2024

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