Une mode éthique est-elle possible ?

Il y a deux ans, je vous disais ce que je faisais de "bien" en écologie. Il y a un an, je faisais un article disant que j'essayais de manger moins de viande. Entre deux, il y a eu des changements dans ma vie qui m'ont amenés à remanger de la viande.
Si pour des raisons de goût, je ne mange toujours quasiment pas d'entrecôtes, de côtes de boeuf (par exemple) et autres mets qui font saliver beaucoup de gens, je me suis remise à la charcuterie, au pâté...

Il y a peu, ma vie s'est de nouveau un petit peu plus stabilisée et j'essaie de manger de nouveau moins de viande. Ce n'est pas évident parce que j'ai une vie assez chargée, surtout ces derniers temps, mais ça avance.

Quelle étrange introduction pour parler de mode éthique, n'est ce pas ?


Cette réflexion sur la viande et ma façon de consommer au quotidien m'a amené à m'interroger sur un autre poste de consommation : les vêtements. J'ai toujours dit que c'était ce qu'il y avait de plus difficile à changer dans sa consommation : l'achat de vêtements. Puis j'ai lu ce livre de Majdouline Sbaï - une mode éthique est-elle possible ? - et je me suis dit que c'était quand même très hypocrite de se dire "au quotidien pour la viande, les légumes, la bouffe, je fais un effort mais pour ce qui est des fringues c'est trop compliqué, tant pis je m'en fous, je préfère bouffer bio au quotidien et m'acheter un jean H&M une fois de temps en temps".

Ce que je veux dire c'est que si j'arrive à peu près à faire des efforts sur la bouffe, donc sur quelque chose qui est vital et qui est quotidien, je peux bien faire un effort sur l'achat de vêtements qui n'est pas quelque chose de vital (enfin si s'habiller ça l'est, mais t'as compris quoi) et qui n'est absolument pas quotidien.

D'autant plus que concrètement, pour la bouffe, au final c'est assez "compliqué" de changer son mode de vie. C'est compliqué quand on a un travail, qu'on finit tard et qu'on a une vie sociale. Ce sont de faux arguments, je sais, mais au quotidien quand tu n'as plus rien à bouffer dans ton frigo, qu'il est 20h et que tu as faim, c'est quand même plus facile d'aller acheter un produit suremballé au petit Carrefour du coin. Ce sont de faux problèmes, ça suppose d'anticiper, de changer sa façon de consommer mais c'est du quotidien. Alors que concrètement pour les fringues, rien ne t'oblige à acheter ce débardeur H&M. Tu n'as pas besoin de changer ton quotidien, tu n'as pas besoin d'anticiper les choses. Il faut "juste" réfléchir un peu à sa consommation, trouver de nouvelles marques éthiques, économiser un peu de sous peut-être pour certains. Rares sont les fois où vous DEVEZ absolument acheter un vêtement.

Je me suis longtemps dit que le prix était un sacré frein. Mais c'est un faux problème pour moi.

Encore une fois, il vaut mieux s'acheter une belle fringue de temps en temps qui soit fabriquée dans de bonnes conditions et qui résiste dans le temps, que 10 fringues régulièrement chez H&M.

Et c'était particulièrement hypocrite dans mon cas à moi. Si l'argument du prix pouvait être valable quand j'étais étudiante, il l'est clairement moins depuis que je travaille et que j'ai des revenus plus que corrects.



Comment on fait quand on veut malgré tout avoir pleiiiin de vêtements et rester à la mode ?


Faire ça, tout en achetant éthique ce n'est pas possible, disons le clairement. A moins d'avoir un très gros budget.

L'éthique "pas cher" ça n'existe pas. Parce qu'en fait tu ne peux pas payer des chaussures en plastique 20 balles qui sont faites en Chine et te dire que cette somme suffit à rémunérer la marque, les designers, les vendeurs, les confectionneurs etc. Des gens sont forcément perdants dans l'histoire. Pas besoin de vous faire un dessin sur les plus gros perdants.

Acheter éthique suppose donc de réfléchir un peu à notre (sur)consommation. A-t-on réellement besoin d'acheter de nouveaux vêtements régulièrement ? Qu'est ce qui justifie d'avoir 25 paires de chaussures ? Est ce que ça me rend vraiment heureux ?

Un argument qui m'a beaucoup marqué et qui est issu du livre de Majdouline Sbaï concerne le fait d'être "beau". Ca peut paraître très superficiel et un peu niais comme argument mais est ce qu'on peut être beau dans des vêtements fabriqués par des personnes sous-payées à l'autre bout du monde, qui auront fait 3 fois le tour du monde, avant d'atterrir sur dans nos placards ?
Il y a ce truc un peu de se "sentir sale". Ca ne parlera sans soute pas à tout le monde mais je me suis mise à regarder mes vêtements et à me dire que c'était quand même ultra égoïste de s'en foutre royalement des conditions dans lesquelles mes fringues sont faites juste pour que je me sente "belle".

Un autre argument - qui n'est pas dans le livre mais issu d'autres lectures féministes - consiste à dire que nous les femmes, on se fait quand même bien enfler avec cette histoire de shopping. Je me souviens avoir aimé très tôt la mode et les fringues. La société m'indiquait qu'en temps que petite fille je devais forcément aimer ça et trouver ça intéressant. On enjoint les femmes à s'intéresser à leur apparence physique, à être "belles" en se parant d'artifices (pour qui je vous le demande...), ça arrange les dominants, pendant qu'on s'occupe de savoir quel débardeur on va porter avec quel rouge à lèvres et bien les dominants peuvent diriger le monde pépouze (je caricature mais t'as compris l'idée) (tu peux appliquer ça à toutes les injonctions faites aux femmes). Ça arrange les capitalistes (qui sont globalement les mêmes que les dominants) parce qu'en nous faisant croire que notre bonheur en tant que femme passe forcément par l'achat d'une paire de chaussures et bien on consomme toujours plus...

Un argument de plus qui m'a fait réfléchir et qui est issu du livre de Majdouline Sbaï : l'industrie textile est la deuxième plus polluante au monde (après celle du pétrole). Et oui. Avant la bouffe. Donc en fait j'ai beau faire tous les efforts du monde concernant la bouffe, rouler en vélo etc, et bien tant que je continue à acheter des tee-shirts chez H&M, je pollue.
Ça m'a fait un peu froid dans le dos.

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Alors comment on fait ?


Je n'ai pas brûlé toute ma garde robe en me disant que j'étais une mauvaise personne, j'ai commencé par réfléchir. Parce que concrètement, jeter des vêtements qu'on porte encore et qui sont encore en bon état, ce n'est pas du tout écolo.

J'ai fait un tri dans mes fringues (pour la 15ème fois de l'année) et j'ai donné tout ce que je ne mettais VRAIMENT pas. Bon ok j'admets, il y a encore deux-trois trucs que j'ai gardés "au cas où" mais franchement j'ai donné pas mal de choses.

Et puis je me suis mise à chercher des marques éthiques. Je connaissais évidemment déjà le blog de Mango & Salt, le blog d'eppcoline et là j'ai découvert ce blog, Happy New Green. Une vraie mine d'or ! J'ai trouvé plein de marques, plein de conseils et j'adore !

Aujourd'hui c'est le premier jour des soldes et avant je me serais jetée sur tout et n'importe quoi pour renouveler ma garde robe. Je n'ai rien acheté à l'heure actuelle.

Par contre ce mois-ci j'ai déjà fait deux achats éthiques - et j'en envisage un troisième.

Mes achats sont motivés par une seule obsession en ce moment : les basiques. Plus j'avance, plus j'ai envie de CONFORT, de me sentir bien dans mes pompes en toutes circonstances, de fringues intemporelles, qui vont avec tout, de gris, de noir, de beige, de camel, de blanc, de bleu marine, de marinière... Bref du basique, des choses solides et dans lesquelles je me sens bien. Je crois qu'on appelle ça la trentaine.

En vue d'un séjour à Naples je cherchais des sandales avec lesquelles crapahuter toute la journée dans la ville sans avoir mal aux pieds et qui tiennent plus qu'un été. J'ai craqué pour des Birkenstock évidemment. Mon mec m'en parle depuis des mois comme les chaussures les plus confortables du monde. J'ai regardé la fabrication et la provenance des matériaux : fabriquées en Allemagne, les matières premières viennent du Portugal et de Turquie. Bingo ! J'ai acheté une paire d'Arizona noires ultra basiques. Et tu sais quoi ? J'ai passé mon temps dedans à Naples et depuis elles ne me quittent quasiment plus...

Le deuxième achat éthique est un jean noir. J'en ai deux des jean noirs. Des jean H&M achetés 20 balles chacun, portés, reportés, lavés et relavée des dizaines de fois. Autant dire qu'ils sont gris, délavés, et super larges.
J'avais deux options : en acheter un autre chez H&M qui serait probablement dans le même état incessamment sous peu ou en acheter un de qualité que je vais tenter de garder plus longtemps. Quoi de plus basique qu'un jean noir ? C'est la base de nombreuses de mes tenues. Un indispensable pour moi.
Alors j'ai cherché et j'ai commandé le mien sur MaisonStandard. Il est en cours de livraison. 

Oui ça coûte cher sur le moment mais je crois que je préfère ça que céder aux sirènes de H&M. 

De la même façon, je cherche des sandales que je pourrais mettre au boulot (parce que les Birk au boulot bon...), qui sont ultra basiques et qui tiennent dans le temps. Je pense avoir jeté mon dévolu sur cette paire de chaussures en cuir de Jules & Jenn.

Pour toutes les infos sur les produits et les marques je vous laisse cliquer sur les liens et regarder le concept de chaque marque.

J'ai découvert plein de marques très chouettes ces derniers temps, je vous conseille vraiment de fouiller le blog HappyNewGreen. J'aurais très clairement pu vous parler de plein d'autres marques mais j'ai préféré vous parler seulement de celles chez qui j'avais commandé (ou chez qui j'allais potentiellement le faire).

J'ai bien conscience que ce discours est un discours "facile" quand on a 29 ans. Pas d'enfants. Et qu'on gagne plutôt bien sa vie. Mais je crois aussi - très sincèrement - que chacun peut faire un effort. Même tout petit. Et par pitié, si vous êtes quelqu'un de mon entourage ne venez pas me mettre face à toutes mes contradictions. Et cette remarque est valable pour tout le monde en fait. 
Dès que quelqu'un essaie de faire un effort dans un domaine écolo, il y a toujours quelqu'un pour venir dire "oui mais ça tu fais pas", comme si ça rassurait la personne sur son propre comportement : "elle essaie de faire ça mais ça elle continue de ne pas le faire ou de le faire mal donc bon elle n'a pas de leçons à donner" alors qu'il ne s'agit pas de donner des leçons, il s'agit juste de s'interroger sur nos pratiques et de s'encourager les uns les autres pour les gestes que l'on fait pour moins/mieux consommer et avoir un mode de vie plus respectueux de l'environnement. La bienveillances les gars. On l'oublie parfois (moi la première). Alors au lieu de pointer ce qu'on fait (tous) mal et bien félicitons-nous des efforts que l'on fait ! 

Pour des chiffres et des infos supplémentaires je vous renvoie vers le livre de Majdouline Sbaï précité qui est une super entrée en matière.

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